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Le Mag' de Tirawa : Carnet de voyage - Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi

Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi

Carnet de voyage rédigé par Géraldine Benestar

Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi

- Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi -

Inde, Asie Pacifique

Cette fois, nous partons vraiment visiter le Ladakh profond. Nous récupérons, en plus de nos deux voitures, un pick-up avec un chauffeur, un cuisinier et deux aide-cuisiniers ; en effet, les voyagistes ont arrêté de faire manger aux touristes la nourriture locale, trop de problèmes d'hygiène et trop d'épices. Cette fois, notre équipe est complète ! L'infrastructure est importante : pour neuf clients, il y a sept membres d'équipage ! Tout au long de la vallée que nous remontons, des camps militaires partout avec les inévitables contrôles. Nous quittons la vallée de l'Indus à Karu (3600 m) où nous achetons quelques provisions, surtout des bouteilles d'eau et des bananes. Là, nouveau contrôle. Cette fois, ce n'est pas l'armée mais le syndicat des taxis qui opère. Pour protéger la main d'oeuvre locale, les taxis ou voitures louées avec chauffeur doivent être ladakhis et non venir d'autres régions indiennes. Pas de problèmes pour notre équipe, ils sont d'ici. Et nous attaquons la montée de l'un des cols les plus hauts du monde, le Chang-La. 00280034 Au sommet du col, à 5393 m, il y a de la neige. Il ne fait pas excessivement froid mais il y a un vent sournois qui nous coupe en deux. Heureusement, une baraque à thé nous réconforte un peu. La pression au col n'est que 537 hPa, guère plus de la moitié du niveau de la mer [2]. Il suffit de marcher un peu vite pour s'en rendre compte. De chaque côté de la route, des congères de neige que le vent a sculpté en sortes de stalagmites glacées... on dirait un peu le défilé des pénitents blancs de la Semaine Sainte à Séville. Les motards ne sont pas à la fête : venus des plaines, ils sont très mal équipés et certains roulent mains nues alors qu'il neigeote... partout le long des routes, des panneaux incitent les conducteurs à la prudence... les routes sont très dangereuses et meurtrières ! La descente est aussi craignos que la montée, surtout que nous roulons souvent dans un épais brouillard. Nous sommes un peu secoués... Nous stoppons au village de Durbuk (à plus de 4000 m) pour le repas. Un pique-nique était prévu mais compte tenu de la météo réfrigérante, le guide part nous chercher une autre solution. Il connait des gens chez qui, moyennant un petit billet, on pourra s'installer. Nous entrons donc dans une jolie maison locale où nous mangeons assis sur le tapis. Nos cuistots déballent les gamelles. Très bien organisée, notre équipe de cuisine a un jeu de cinq casseroles-gigognes, en alu, qui s'empilent les unes sur les autres dans une glacière qui les maintient à bonne température. Très pratique car, à chaque fois, nous avons un vrai repas chaud et non deux méchants sandwiches. Au dessert, nos hôtes nous offrent un grand verre de yaourt maison... un délice ! Nous continuons la descente dans une extraordinaire vallée glaciaire, l'une des plus belles routes où je sois passé. Couleur des roches, sable, verdure au fond, troupeaux... Une merveille ! La route nous mène jusqu'à notre étape du soir, le Pangong Tso [3], un immense lac fermé par un verrou glaciaire situé à 4265 m. 0030a Ce lac, tout en longueur, est en partie indien et en partie chinois, mais nous ne voyons pas le côté chinois qui se trouve tout à l'autre bout. Une très belle couleur... Notre hébergement de ce soir (4295 m) n'est ni un hôtel, ni une guest-house, mais un campement fixe : une vingtaine de tentes de 25 m² environ avec, oh raffinement suprême, un lavabo et un vrai WC au fond... pas d'eau chaude, faut pas pousser non plus (pourtant, l'énergie solaire est gratuite, abondante et inépuisable, mais la douche quotidienne n'est pas encore entrée dans la culture locale). 0109 Un petit bâtiment en dur, glacial, pour le repas du soir très vite expédié, avec anorak et bonnet. Quand nous allons nous coucher, il ne fait que 1°C. Là, bonne surprise, nos cuisiniers nous apportent deux bouillottes et un seau d'eau chaude pour la toilette... ils sont parfaits ces petits jeunes ! Inutile de dire que nous sommes vite au lit. Une tonne de couvertures sur le ventre, aussi lourdes qu'inefficaces, car elles glissent les unes sur les autres et on passe son temps à les récupérer par terre... La nuit, avec une pression de 600 hPa, il suffit de se tourner trois fois dans son lit pour être autant essoufflé qu'en arrivant au sommet de l'Iseran à vélo... des fois aussi, on se réveille en suffoquant un chouïa, sans raison apparente ; un stress respiratoire lié à l'altitude... Là, il suffit de se calmer et de respirer lentement, mais bien à fond, une dizaine de fois...

 

 

[1] Marque fondée en 1880. La première Bullet a été crée en 1933. À son lancement, le slogan était : construite comme un fusil, rapide comme une balle ... mais, aujourd'hui, les performances sont complètement dépassées. Les jeunes Indiens vouent à ces motos une grande admiration et on voit des groupes d'une dizaine de motards rouler ensemble comme les bikers de chez nous... je n'ai besoin de personne sur ma Royal-Enfield chante peut-être la BB locale...

 

[2] Ce qui signifie aussi qu'il y a autant d'air entre ici et le niveau de la mer, qu'il y en a au-dessus de nous ...

 

[3] Pangong Tso ou lac Pangong ; Tso signifiant lac en ladakhi et en tibétain). Il est long de 134 km et s'étend entre l'Inde et le Tibet. Les deux tiers de la longueur du lac sont en territoire chinois. Il atteint 5 km en son point le plus large. En hiver, le lac gèle complètement bien que son eau soit un peu salée. L'accès au lac est ouvert en saison touristique, de mai à septembre mais la navigation y est interdite.

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